Napoléon jouit en France d’une grande popularité. Cette popularité est-elle méritée ? Ne relève-t-elle pas du mythe ?
Il aurait été un grand homme d’État, le fondateur de l’état moderne. Arrivé au pouvoir par un coup d’État, il est devenu au cours des années un dictateur orgueilleux de plus en plus solitaire, fossoyeur de la Révolution, et celui dont l’Empire a préparé le rétablissement de l’Ancien Régime.
On a donné son nom au Code civil. Il n’en a pas écrit un seul mot. Il a eu, au cours de son gouvernement, deux moments où la France était en paix avec tous les pays d’Europe, en 1802 et en 1805. Il n’a pas su gérer la paix, il n’a pas compris qu’il fallait consolider l’acquis. En reprenant toujours les guerres, voulant toujours guerroyer, et en allant finalement trop loin, il a tout gâché.
Car il était avant tout soldat. Pourtant un piètre stratège, car il a perdu presque autant de batailles qu’il n’en a gagné. Mais il a trompé son monde, car il savait parfaitement manier ce qu’on appelle aujourd’hui la « com ».
Il entendait diriger tous les pays d’Europe, il a beaucoup conquis, il a tout perdu. En 1799, quand il est arrivé au pouvoir, la France avait atteint ses frontières naturelles, et était une grande puissance européenne et coloniale. En 1814, à son abdication, la France fut réduite aux frontières de 1792 et n’avait plus de territoires d’outre-mer. Le tout au prix d’un million de morts.
Il est grand temps de démythifier Napoléon. Car quand on fait le bilan de l’épopée napoléonienne, on ne peut conclure qu’à un échec, un échec personnel, mais surtout un échec pour la France. Et un désastre pour l’Europe, car la réaction antirépublicaine de la « Restauration » a plongé l’Europe pour de longues décennies dans le retour du royalisme et de l’Ancien Régime.